Sala Chan : comment on sauvegarde le patrimoine architectural Khmer

Une Sala Chan, c’est quoi ?

Nous appelons communément Sala Chans les bâtiments où nous recevons nos visiteurs. Ce sont de superbes bâtiments en bois surélevés. Traditionnellement construite sur pilotis, elle est protégée de l’humidité en saison des pluies, et la famille est à l’abri des atteintes d’insectes, rongeurs et autres serpents. Mais d’où vient-il et quelle est l’histoire derrière ce projet de sauvegarde du patrimoine architectural Khmer que nous avons lancé en 2016 ?

La première maison

C’est grâce à un ami Suisse qui a monté et soutient des écoles au Cambodge, que nous sommes tombés sous le charme d’une petite maison khmère traditionnelle. Elle servait de bibliothèque dans son école à Kep et allait être démolie. Il souhaitait la sauvegarder et nous l’a proposée. Il a ensuite fallu que notre constructeur la démonte, la déplace et la remonte au cœur de notre ferme à La Plantation.

La Sala Chan : au cœur d’une pagode bouddhiste

Quelques mois plus tard, une belle Sala Chan en bois trônait au milieu de l’enceinte de la pagode du village. Pour ceux qui ne sont pas encore venus au Cambodge, voici quelques éléments pour vous présenter la structure des pagodes que l’on retrouve dans tous les villages et villes du Cambodge ;

Appelé pagode ou wat, cet espace est consacré au culte bouddhiste. Il est constitué d’un ensemble de constructions, entouré par un mur d’enceinte et parfois de plans d’eau. Des portiques sont placés aux entrées de la pagode et parfois à l’entrée de la route ou du chemin.

Le monument le plus visible, le plus important et le plus sacré est le sanctuaire. Imposant par sa hauteur et surmonté d’un toit décoré avec des sculptures d’oiseaux mythiques, le sanctuaire est entouré d’une balustrade et accessible par un large escalier dont les rampes forment un serpent Naga. À l’intérieur, au mur des peintures décrivant la vie de Buddha et au centre un autel où trône une belle statue de Buddha, où les fidèles viendront se recueillir et faire des offrandes.

Le second édifice essentiel du vat est la sala, plus précisément la sala punya ou plus communément la sala chan, où se déroulent les cérémonies courantes et qui sert de réfectoire aux moines et aux laïcs. C’est un bâtiment généralement ouvert sur trois côtés. Une estrade est destinée aux moines pour les cérémonies ou pour prendre leurs repas quotidiens.

Dans l’enceinte du monastère se trouvent également des lieux d’habitation et l’école du village, et les stupas, monuments funéraires recevant les cendres des défunts ou des édifices commémoratifs.

Et comment est arrivée notre Salachan à La Plantation ?

Revenons à notre défi de sauvegarde de l’héritage khmer qui cette seconde fois était plus ambitieux ! Dans la pagode du village, la Salachan était vouée à disparition car remplacée par un bâtiment plus moderne en béton. Nous avons eu un choc en voyant ce bâtiment traditionnel prêt à être démoli, et avons donc décidé de proposer son rachat au chef de la communauté, qui leur permettrait de finaliser les travaux entrepris. Tous les morceaux (piliers, planchers, charpente, tuiles) ont été déposés, démontés, transportés.

À La Plantation, il a fallu concevoir une structure renforcée en brique pour asseoir l’édifice. Une fois ces fondations prêtes, les constructeurs ont commencé à ré assembler la structure ligne par ligne, puis en transverse. C’était miraculeux de voir la reconstruction à l’identique de ce bâtiment de 320m2, tout en tenons et mortaises. Le plancher est bien patiné par les années et les passages et les piliers de bois dur semblent être plus que centenaires.

Notre Sala Chan a été inaugurée en février 2017, par une cérémonie de bénédiction par les moines, qui sont donc revenus dans leur ancienne Sala Chan à cette occasion.

Les autres maisons traditionnelles

Nous avons continué notre quête de maisons traditionnelles vouées à disparaître dans les villages avoisinants sauvant ainsi une petite dizaine de maisons de leur destruction programmée. Certaines sont utilisées pour loger nos fermiers ou nos employées dans la ferme quand d’autres sont exploitées dans le cadre de l’activité touristique : restaurant, cours de cuisine, commodités…

La seconde Sala Chan

Et le tout dernier projet nous a été offert par un cher ami, qui souhaitait proposer aux enfants du village une structure au sein de La Plantation, dans le cadre de notre association Les Écoles de La Plantation. Et il nous a offert la possibilité de sauver une seconde Sala Chan, que nous avons trouvée dans un autre village de la province. C’est aujourd’hui notre Maison des Enfants où les enfants du village se retrouvent le samedi et le dimanche matin pour assister aux cours d’anglais que nous leur prodiguons par groupes de niveaux. Ils ont accès à une bibliothèque, des jeux, des cours de danse ou des activités artistiques.

Nous sommes heureux d’avoir participé à la sauvegarde de ces maisons traditionnelles en bois que les Cambodgiens des villes redécouvrent avec bonheur lorsqu’ils visitent La Plantation. Elles permettent aux visiteurs étrangers de comprendre le mode de vie local et rural du Cambodge.

Nous espérons que cette lecture vous donne envie de venir découvrir ce projet en personne, et attendons impatiemment votre visite à Kampot !